La Restauration et la Charte de 1814
Publiée le 7 janv. 2013 par
Khan Academy
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La Charte de 1814
30 mai 1814, les alliés qui avaient pris part à la sixième coalition et poussé Napoléon à abdiquer en faveur de son fils, le roi de Rome, le 31 mars, signent le traité de Paris (Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, le Portugal, l'Empire russe, la Suède, le Royaume de Prusse et l’Empire d'Autriche.)
Désireux d’installer sur le trône de France un allié, mais aussi un chef légitime, ils hésitent entre Louis XVIII, dont l’impopularité est problématique, l’« Aiglon », fils de Napoléon, mais aussi le maréchal Bernadotte ou encore Eugène de Beauharnais, voire une république. Talleyrand emporte finalement l’opinion des Alliés en faveur de Louis XVIII.
Le traité stipule en son article II : « Le royaume de France conserve l'intégrité de ses limites, telles qu'elles existaient à l'époque du 1er janvier 1792. Il recevra en outre une augmentation de territoire [...] ». Cette « augmentation de territoire » était destinée à ménager les sentiments des Français. La France gardait au titre de cette « augmentation » la partie occidentale de la Savoie (département du Mont-Blanc résiduel), le Comtat Venaissin, Montbéliard et Mulhouse. La frontière du Nord englobe Philippeville, Mariembourg, Sarrelouis et Landau.
Porté par les Coalisés, le 24 avril 1814, le comte de Provence débarque à Calais.
4 juin 1814 le comte de Provence devient roi de France en octroyant une Charte constitutionnelle (texte) restaurant la monarchie du type 1789-1791 dans lequel le roi propose la loi (article 16) et garde un pouvoir de coup "d'état permanent" (article 14) (système censitaire, le mode de scrutin employé est le suffrage censitaire instauré par la constitution de l'An X. Les collèges électoraux sont composés aux niveaux de l'arrondissement et du département parmi les 600 citoyens les plus imposés. De fait, 72 000 seront appelés à voter pour une population française de 30 millions d'habitants. Le mode d'élection est indirect à deux tours, les collèges d'arrondissement se bornent à élire des candidats le 14 août 1815, lesquels sont soumis ensuite aux collèges départementaux lors du second tour le 28 août. Système duo camériste, le système judiciaire est maintenu en état, les jurés populaires sont gardés ; pas de retour des privilèges (mais de l'esclavage !) ...)
Les termes « octroyer » et « roi de France » sont importants en droit, puisqu’ils signifient que la souveraineté appartient au roi, et non au peuple ou à la nation (, c’est lui qui octroie la Charte aux Français et non les Français qui décident d’une constitution ; contrairement à un roi des Français qui serait roi parce que les Français l’ont mis sur le trône, un roi de France est souverain de droit divin). Il nie donc la théorie révolutionnaire de la souveraineté nationale, voire de la souveraineté populaire, comme en témoigne sa devise « union et oubli » (union des Français, oubli de la Révolution française et de Napoléon.) En plus de l'instaration d'une chambre des pairs, La Chambre des députés des départements est constituée le 4 juin 1814 par les membres du Corps législatif de l’Empire, et compte alors 237 membres.
Dans le texte le roi propose la loi et désigne un ministère qui n'est pas élu par la Chambre, mais dans la réalité des rapports de force, les théoriciens du libéralisme, en tête desquels Benjamin Constant, agitent la menace d'un refus de vote du budget, rendant illégale la levée des impôts. La Chambre peutainsi, en empêchant le ministère de gouverner, l'acculer à la démission.
« le vol de l’aigle »
Pendant sa première année de règne, Louis XVIII multiplie les maladresses anti-républicaines. Il instaure le drapeau blanc à la place du drapeau tricolore, fait fermer les cafés pendant l’office, contraint les non croyants à parer d’ornements leur maison lors du passage de processions religieuses, il abolit le système métrique. Mais la première Restauration avait laissé les structures administratives et militaires de l’Empire, ce qui explique la facilité avec laquelle Napoléon avait pu s’emparer à nouveau du pouvoir.
1er mars/21 juin 1815 : les 100 jours / Louis XVIII se réfugie à Gand en Belgique.
Le 20 mars 1815, la chambre du 4 juin est dissoute et remplacée en juin par une Chambre des représentants qui disparaitra à la fin des 100 jours (La Chambre se constitue le 3 juin, le lendemain du plébiscite sur l'acte additionnel. Elle est composée de six cent vingt-neuf représentants, principalement libéraux, jacobins ou bonapartistes convaincus. Le 4, elle élit comme président Jean-Denis Lanjuinais, et comme vice-président notamment le marquis de la Fayette.)
Le 23 juin, après la seconde abdication de l'empereur, les Chambres reconnaissant son fils comme Napoléon II et nomment une Commission du gouvernement, de cinq membres ; les représentants désignent Carnot, Fouché et le général Grenier. Le lendemain, la Chambre des représentants nomme une commission chargée de la rédaction d'une nouvelle constitution, dont le projet est présenté le 29. Elle est dispersée le 8 juillet, et dissoute le 13 juillet par ordonnance de Louis XVIII.
Après le retour de Louis XVIII, les élections des 14 et 28 août 1815 donnent aux ultra-royalistes ou ultras une majorité de 350 sièges sur 400. Le roi parle de « Chambre introuvable ».
La Terreur blanche
Après les 100 jours, débute la Terreur blanche, un mouvement de réaction contre les bonapartistes et les anciens révolutionnaires. Elle se développe dans le Midi et dans les vieux pays de contre-révolution comme la Vendée, la Bretagne et le Maine. Des bandes de royalistes s’arment et terrorisent le pays. Ils sont connus sous le nom de Verdets car ils portent la cocarde verte, couleur du comte d’Artois, le chef des ultras royalistes. Cette vague de terreur royaliste est particulièrement sanglante autour de Marseille et de Toulouse, où des dizaines de soldats bonapartistes sont assassinés. Les Verdets y trouvent de nombreuses sympathies. Napoléon avait dû se déguiser lors de son voyage vers l’île d’Elbe, en 1814, afin d’échapper à la fureur des habitants de la vallée du Rhône, majoritairement royalistes.
Ainsi, des mouvements populaires et spontanés, très mal contrôlés par l’administration royale, apparaissent. À Marseille, le peuple se soulève et massacre d’anciens Mamelouks de la garde impériale, le 25 juin 1815. À Toulouse, le général Ramel, commandant de cette place forte au nom de Louis XVIII qui avait tenté de désarmer les Verdets, est assassiné le 15 août. À Avignon, le maréchal Brune, héros de l’Empire, est massacré par la foule et jeté dans le Rhône.
Dans le Gard, Jacques Dupont dit Trestaillons, à la tête de bandes armées, fait assassiner plusieurs dizaines de réformés, beaucoup d’autres sont persécutés et plusieurs milliers s’enfuient. Les seuls refuges espérés sont les prisons. Cependant, celles-ci sont vidées et leurs occupants sont exterminés.
Les troubles prennent fin à l’automne 1815 après la proclamation de Louis XVIII sur les excès du Midi le 1re septembre.
Comme ministre de la Police, Decazes réprima les insurrections provoquées par les royalistes ultras. Il fut à l’initiative de plusieurs lois et réformes tendant à libéraliser la France comme l’abolition des lois d’exceptions.
la Terreur blanche légale :
La Chambre veut aussi punir les coupables qui s'étaient démasqués lors des Cent-Jours, et d’éliminer impitoyablement les fonctionnaires peu sûrs. Dans cet élan d’épuration furent votées coup sur coup quatre lois (« les lois scélérates ») qui sont l’expression de la Terreur blanche légale :
- la loi de sûreté générale (29 octobre) permettait d’emprisonner sans jugement tout individu suspecté de comploter contre la famille royale ou contre la sûreté de l’État. Elle était la transcription contemporaine des lettres de cachet.
- la loi sur les discours et les écrits séditieux (9 novembre) distinguait deux types de délits : d’une part les paroles ou les actions tendant au renversement du gouvernement ou constituant une menace contre la vie du roi ou de la famille royale; ils seraient passibles de déportation ; d’autre part : les actes ou les manifestations séditieuses qui étaient de nature à affaiblir le respect dû à l’autorité royale comme les chansons, les cris de « vive l’empereur » ou encore l’exhibition des insignes tricolores, etc… Tous ces délits relèveraient des tribunaux correctionnels et pourraient être punis d’un emprisonnement d’un mois à 5 ans et d’une amende pouvant aller jusqu’à 20000 francs.
- rétablissement des cours prévôtales (27 décembre), installées dans chaque département, elles étaient constituées de quatre magistrats civils, mais le rôle de juge d’instruction et de procureur était confié à des prévôts militaires. Leurs sentences s’appliquaient aux crimes politiques qui avaient un caractère de violence publique et de flagrant délit, comme les réunions séditieuses ou les rébellions à mains armées. Elles devaient juger sans assistance de jury, sans appel possible et leurs sentences étaient exécutoires dans les vingt-quatre heures.
- loi d’amnistie (12 janvier 1816), La discussion de la loi d’amnistie devait donner lieu à la première divergence entre la majorité de la Chambre et le gouvernement. Cette majorité pensait que l’ordonnance du 24 juillet n’annulait pas la compétence de la Chambre en ce qui concernait la recherche et la punition des coupables des Cents-jours. Finalement le gouvernement réussit à faire repousser les exceptions à l’amnistie demandée par la commission de la Chambre, mais il dut accepter l’exil des régicides. Avec cette loi se trouvait complété l’arsenal des répressions.
La Terreur blanche légale mise en place par la chambre et ses lois répressives échappèrent à l’influence du roi et du gouvernement. La chambre était devenue plus royaliste que le roi. Au-delà de la soif d’ordre, il n’existait pas de projet politique cohérent, et les ultras ne parviennent pas à reconquérir l’opinion. Leur hargne et leur esprit de vengeance inquiétaient plus qu’ils ne rassuraient, car ils attisaient la haine et la colère dans les départements désireux d’un retour au calme. L’application des lois répressives dépendant en grande part des autorités locales, elle présenta des variations considérables d’un département à l’autre. Néanmoins une enquête récente portant sur 70 % des tribunaux ordinaires enregistre 3746 condamnations politiques pour la période de juillet 1815 à juin 1816 ; le total pourrait donc se situer autour de 5000. En décembre 1816, on dénombre 3382 arrestations. Cette épuration légale aboutit à l’arrestation de plusieurs généraux de l’Empire : La Bédoyère, les frères Faucher, Mouton-Duvernet ou encore Ney ; et au bannissement des anciens conventionnels ayant voté la mort de Louis XVI.
18 janvier 1816 - fermeture de la faculté des lettres à Grenoble-En 1820, c'est le cours de l'historien Guizot à la Sorbonne qui est supprimé tout comme celui du philosophe Cousin. L'Ecole Normale, la Faculté de Droit et celle de Médecine seront aussi provisoirement fermées.
"libéralisme" - Le roi contre le féodalisme
5 septembre 1816 - Louis XVIII, conseillé par Decazes, décide de la dissolution de la «chambre introuvable » (article 14)
25 octobre, les élections sont favorables aux « constitutionnels », c’est-à-dire aux modérés. Commence alors une période « Libérale ».
S’appuyant sur la stabilité politique, le pays connaît une période de prospérité économique. La période est pourtant marquée par la crise frumentaire de 1816 - 1817, qui, avec ses causes climatiques, touche plusieurs pays européens. Cependant, ses conséquences sont plus dures en France qu'ailleurs, à cause des conséquences de l'invasion et de l'occupation étrangère. S'en suivent des troubles qui prennent finalement la forme de jacqueries réprimées par l'armée. La disette n'est en revanche que très rarement exploitée politiquement. Cela laisse malgré tout craindre l'expression d'une fureur populaire de plus grande ampleur, principalement tournée contre l'occupant. Wellington, notamment, sait que l’apaisement ne pourra passer que par le départ des forces étrangères.
1818 - Fin de l'occupation de la France par les troupes de la coalition. carte.
1818 - Hegel est nommé à la chaire de philosophie à l'université fondée par Humboldt à Berlin - Résultat dans le monde de l'histoire des idées de la politique entreprise par la Sainte Alliance (pacte du 20 novembre 1815) afin de prémunir contre le retour de l'esprit révolutionnaire. Pour Hegel la raison gouverne le monde et se réalise dans l'histoire et la fin de cette dernière, son but, c'est Dieu, l'Idée ou l'esprit absolu. Le grand homme est le conducteur de ce peuple qui aspire à la réalisation de son but.La raison procède par dialectique, thèse/antithèse/synthèse. l'époque ouverte par Waterloo estdonc présentée par Hegel comme une synthèse idéale des époques qui la précédèrent. La physique expériementale des Encyclopédistes est remplacée par une "philosophie de la Nature" basée sur l'intuition et plus l'expérience universellement partagée.
1819 - Géricault - Le radeau de la Méduse
Le 17 juin 1816, La Méduse appareille de l'île d'Aix, avec pour objectif le port sénégalais de Saint-Louis : elle a pour mission d'aller entériner la restitution du Sénégal à la France par le Royaume-Uni, selon les conditions du traité de Paris de novembre 1815. La Méduse s'est échouée sur un banc de sable au large des côtes de l'actuelle Mauritanie, le 2 juillet 1816. Au moins 147 personnes durent se maintenir à la surface de l'eau sur un radeau de fortune, seuls quinze embarquent le 17 juillet à bord de L’Argus, cinq encore mourront peu après leur arrivée à Saint-Louis du Sénégal, après avoir enduré la faim, la déshydratation, la folie et même le cannibalisme. L’événement devint un scandale d'ampleur internationale, en partie car un capitaine français servant la monarchie restaurée depuis peu a été jugé responsable du désastre, en raison de son incompétence.
1819/1820 - La croissance démographique s’installe, ce qui crée une abondante main d’œuvre rurale disponible et un marché intérieur en progression. On favorise le trafic antillais et le marché intérieur par des mesures protectionnistes contre la concurrence anglaise. La production agricole reste dominante, mais la révolution industrielle commence. Lyon devient la plus grande ville industrielle du monde en 1820 (révolte des Canuts 1831/1932).
11 septembre 1819 - Victoire des Libéraux aux élections partielles. L'abbé Grégoire est élu (pour être exclu très rapidement) Cette élection crée un choc, d’autant plus que Grégoire (élu de la Constituante puis de la Convention, prête assermenté, fondateur du bureau des longitudes et du Conservatoire national des arts et des métiers (dont la devise est :"il enseigne à tous et partout"), fervent partisan de l'abolition de l'esclavage) et qualifié de régicide. Elle va provoquer un retournement d’alliance au gouvernement, obligeant le centre alors aux affaires à s’allier à la droite. L’historien Benoît Yvert écrit : « L’élection de Grégoire annonce par conséquent la fin de la Restauration libérale » (Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, Histoire de la Restauration, 1814-1830, Naissance de la France moderne, Perrin, 2002, p. 274-276.)
Retour de l'ordre - 1820
1820 - Expérience du Danois Hans Christian Oersted. Début de l'électromagnétisme.
13 février 1820, assassinat du duc de Berry par l'ouvrier Louis Pierre Louvel. Le duc étant celui sur lequel reposait l'avenir de la dynastie, sa mort est perçue comme un régicide, et l'assassinat ne peut, dans l'esprit des contemporains, être l'acte d'un homme isolé. La dynastie Bourbon-Anjou sera tout de même sauvée en France par un enfant du miracle, car la duchesse du Berry était déjà enceinte et mettra au monde le duc de Bordeaux (Comte de Chambord / Henri V) le 29 septembre 1820.
L'arrestation de nombreux bonapartistes ne permet cependant pas de découvrir de complot : l'acte de Louvel était isolé. L'assassinat renforce malgré cela les clivages : l'hostilité à l'égard des Bourbons éclate au grand jour, et des actes symboliques souvent favorables au retour de l’empereur ont lieu dans les jours suivants. Dans le même temps, les ultraroyalistes, meurtris, expriment leur tristesse et leur colère par la demande de mesures d'exception, et la condamnation de la politique libérale. L'assassinat du duc de Berry cause donc le virage à droite de la Restauration
RADIO - EUROPE 1 - Au COEUR DE L'HISTOIRE
Franck Ferrand a choisi de revenir sur un crime dont la victime était un héritier potentiel de la couronne de France… le jeune duc de Berry.
Le meurtre en février 1820 du duc de Berry entraine la chute du ministre de la Police Élie Decazes. Ce dernier est en effet accusé d’être le responsable du crime, et dès lors, la presse ultra se déchaîne contre lui, certains allant même jusqu'à demander sa mise en accusation.
Decazes mène une politique qui se veut libérale (sans pour autant le dire ouvertement), en s’appuyant sur les doctrinaires (qui ont choisi Louis XVIII et qui lui sont donc favorables). Son ambition est alors de « royaliser la nation et nationaliser les royalistes » ; il doit, pour ce faire, manœuvrer avec des groupes parlementaires méfiants. Désireux de développer l’économie française, il met en place des actions en faveur de l’agriculture, de l’industrie, et du commerce. Il aide également le développement de la presse. L’autorisation préalable et la censure sont abolies.
Dans les semaines qui précèdent la mort du duc de Berry, il tente de mettre en place sa réforme électorale.
Après l'assassinat du duc, la chambre des pairs refuse de voter la loi, et il est alors contraint de démissionner. Chateaubriand écrit, dans ses mémoires, pour relater cet évènement « le pied lui a glissé dans le sang ».
Après la démission de Decazes, la politique du pays change radicalement. Le roi Louis XVIII rappelle le duc de Richelieu à la tête du gouvernement, pour un deuxième ministère, qui sera marqué par un réel retour en arrière. En effet, il suspend grâce au vote de lois, les libertés précédemment acquises. Les libertés individuelles et les libertés de presse sont suspendues, la censure et l’autorisation préalable pour fonder un journal sont rétablies.
De plus, les ultras imposent le vote d’une loi électorale qui est censée freiner la montée des libéraux.
- le 28 mars, loi sur la liberté individuelle
- le 31 mars, loi limitant la liberté de la presse
- le 12 juin, loi dite du « double vote » qui redonnait une majorité écrasante aux ultras.
Richelieu continue sa politique avec l’adoption de nouvelles lois. Le 5 juillet 1820, les universités, et donc le corps enseignant et étudiant, sont contrôlées par les autorités ; le 27 février 1821, l’enseignement secondaire est placé sous surveillance du clergé.
Richelieu devra nommer des ultras au sein du gouvernement, et sera contraint de démissionner, en raison des exigences toujours plus grandes de ses ministres, et en l'absence du soutien du comte d’Artois.
Il sera remplacé en décembre 1821 par Villèle, l’homme de confiance du comte d’Artois, qui continue une politique ultra dans la lignée de celle de Richelieu : il placera les universités sous tutelle de l’Église, la presse sera de plus en plus contrôlée, et il luttera contre la Charbonnerie.
1821 - Victor Hugo fait paraitre son premier recueil de poésie : Ôdes
Une alliance anti-bourbon, les réseaux dormants-?
Une loge maçonnique, "les Amis de la Vérité", avait monté un complot anti-Bourbon (imposé par les puissances étrangères après les défaite de Napoléon) et tenté une insurrection militaire le 19 août 1820, la conspiration devant soulever les régiments de province et prendre le château de Vincennes échoua. Elle avait été montée par Lafayette, Voyer d’Argenson, Manuel, Jean Rey, parmi d’autres. La Charbonnerie est une société secrète formée de rangs bonapartistes et d'une direction libérale et républicaine, dont les membres ont parfois infiltrés les loges maçonniques où étaient issus des "Amis de la Vérité", et dont l'idée fondamentale défend que la souveraineté réside dans le peuple; « l'association, disent les statuts, ne peut ni ne veut usurper le droit d'imposer à la France aucune forme de gouvernement ». L'objet, c'est donc de renverser les Bourbons et d'appeler une constituante qui donnera le régime que le peuple désire.
Après le complot avorté du 19 août 1820, qui tenta de prendre le château de Vincennes et le décès de Napoléon le 5 mai 1821 , des actions analogues furent lancées sur tout le territoire français:
- l’affaire de l’école de cavalerie de Saumur en décembre 1821
- la Conspiration de Belfort en janvier 1822
- le soulèvement de Toulon, avec l’affaire du capitaine Vallé en janvier 1822
- le soulèvement de Nantes en février 1822
- la campagne de Thouars et de Saumur avec l’aide des Chevaliers de la Liberté en février 1822
- l’affaire des « quatre sergents » de La Rochelle en mars 1822
- le soulèvement de Strasbourg en avril 1822
- l’affaire de Colmar en juillet 1822.)
14 septembre 1822 - Jean-François Champollion de s'écrier : «Je tiens mon affaire !» -
« C'est un système complexe, une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique, dans un même texte, une même phrase, je dirais presque dans un même mot. »(érection de l'obélisque de la conconrde en 1836)
Avril-octobre 1823 : Campagne d'Espagne afin de redonner le pouvoir absolu au monarque Bourbon Ferdinand VII (dernière tentaive d'insurrection de la Charbonnerie, 45 000 troupes françaises d'occupation quitteront l'Espagne en 1828)
1824 - Joseph Fournier propose les premières modélisations mathématiques d'évolution de la température qui contribuent au fondement de la thermodynamique.
Le comte d'Artois
16 septembre 1824 : mort de Louis XVIII, c'est son frère, le comte d'Artois, chef de file des Ultras, qui monte sur le trône et devient Charles X - il sera sacré à Reims le 29 mai 1824 (Louis XVIII avait renoncé au sacre pour des raisons de santé, atteint de la goutte il était cloué à son fauteuil roulant - "le roi fauteuil")
Il débute par quelques mesures libérales, et abolit la censure des journaux, mais il ne tarde pas à se jeter dans les bras des ultra-royalistes, dont Jean-Baptiste de Villèle est le chef, et s'aliène l'opinion par la loi du sacrilège, la concession d'indemnités aux émigrés, par la loi dite du « milliard des émigrés » ; le licenciement de la garde nationale, le rétablissement de la censure (1825-1827). Son règne est marqué par la domination des « ultras », la frange revancharde des royalistes, opposée à la Charte de 1814.
Son catholicisme dévot indispose les anticléricaux voire anticatholiques ; comme à l'enterrement de Louis XVIII, il est habillé de violet, couleur de deuil des rois de France, le bruit court qu'il est évêque ; des caricatures le montrent en train de célébrer la messe devant les membres de sa famille.
Après les élections de 1827, le roi forme en janvier 1828 un ministère modéré, présidé par le vicomte de Martignac.
Ce ministère réparateur a déjà réussi à ramener les esprits, lorsqu'il est remplacé, le 8, par le ministère de Jules de Polignac, qui fait renaître toutes les défiances. Publiée dans Le Moniteur le 8 août, la nouvelle fait l’effet d’une bombe. Le nouveau ministre des Affaires étrangères, qui apparaît rapidement comme le chef du ministère, évoque les pires souvenirs de la cour de Versailles — il est le fils de l’amie intime de Marie-Antoinette, la très impopulaire duchesse de Polignac — et de l’émigration, durant laquelle il a été le compagnon de Charles X en Angleterre. À ses côtés, le comte de La Bourdonnaye, ministre de l’Intérieur, est un ultra parmi les plus enragés, qui s’est signalé en 1815 en réclamant « des supplices, des fers, des bourreaux, la mort, la mort » pour les complices de Napoléon Ier, tandis que le ministre de la Guerre, le général de Bourmont, est un ancien chouan rallié à l'Empereur avant de le trahir quelques jours avant la bataille de Waterloo.
Les élections de 1830
Le 2, lors de l'ouverture de la session parlementaire, Charles X prononce un discours du trône dans lequel il annonce l'expédition militaire d'Alger et menace implicitement l'opposition de gouverner par ordonnances en cas de blocage des institutions :
En effet, peu de mois après, et malgré le respectueux avertissement donné par l'adresse des 221 députés, Charles X tente de rétablir son autorité face au développement de l'opposition libérale.
Pour résoudre la crise, Charles X dissout l'assemblée le 16 mai 1830, comptant sur l'arbitrage du peuple pour reconstituer une majorité qui lui sera favorable. Mais les libéraux l'emportent aux élections du 23 juin et du 19 juillet. De surcroît, les libéraux se voient attribuer 274 sièges, soit 53 de plus qu'avant la dissolution. Le pays légal a donc ainsi désavoué le Roi.
- Promulgation des « ordonnances de Saint-Cloud » qui dissolvent les chambres, convoquent les collèges électoraux en changeant de mode d'élection, et suspendent la liberté de la presse .
Deux événements importants marquent la politique étrangère de Charles X :
- l'intervention en faveur des Grecs, qui aboutit à la victoire de Navarin (1827) et entraîne l'affranchissement de la Grèce (1830) ;
- l'expédition contre le dey d'Alger, qui aurait offensé par un coup d'éventail le consul de France, expédition qui conduit à la prise d'Alger (5) par le maréchal de Bourmont.
Publiée le 4 mars 2014 par Entertainment-Education WebTV
Les Trois Glorieuses. 2000 ans d'histoire sur France Inter de Patrice Gélinet avec Francis Démier (historien).
Citation de l'historien (2min40) : " [Gavroche] il est mort en 1832 dans des événements dramatiques qui sont du restes beaucoup moins optimistes que ceux de 1830, il s'agit d'une journée, d'une émeute populaire à l'occasion des obsèques du général Lamarque"
27,28,29 juillet 1830 Les trois glorieuses :
(Pour défendre la Chartre de 1814 ?) en réponse aux "ordonnances scélérates" et au changement de mode d'élection, excluant le montant de la Patente (impôts payés par les commerçants et les manufacturiers) du calcul du cens donnant droit de vote, qui interdit à la bourgeoisie de participer aux nouvelles élections de septembre, c'est la révolte !
« Le régime légal est [...] interrompu, celui de la force est commencé. Dans la situation où nous sommes placés, l’obéissance cesse d’être un devoir. [...] Aujourd’hui donc, des ministres criminels ont violé la légalité. Nous sommes dispensés d’obéir. Nous essaierons de publier nos feuilles sans demander l’autorisation qui nous est imposée. »
— Protestation des 44 journalistes du 26 juillet 1830.
Le 27 juillet, bravant les ordonnances, Le National, Le Temps, Le Globe et Le Journal du commerce paraissent sans autorisation et publient la protestation des journalistes. Aussitôt, le préfet de police, Claude Mangin, ordonne la saisie des presses des quatre journaux en cause et le parquet lance des mandats d’arrêt contre les signataires de la protestation. De vives échauffourées ont lieu entre la police et les ouvriers typographes, qui redoutent de perdre leur emploi et vont former le noyau dur de l’insurrection.
Pour Jean Tulard, se basant sur les archives de la préfecture de police, ce sont « des ouvriers saisonniers, sans passé ni traditions révolutionnaires […] masse facilement entraînée par les étudiants et les meneurs politiques » Jean Tulard, Les Révolutions de 1789 à 1851 (tome IV de l’Histoire de France sous la direction de Jean Favier), Paris, Fayard, 1985 – (ISBN 2-213-01574-0).
Les premiers groupes d’émeutiers ont commencé à se heurter à la police et à la gendarmerie aux alentours du Palais-Royal. Poussés par quelques meneurs, les manifestants harcèlent les troupes à coups de pavés, de briques ou de pots de fleurs. Les insurgés s'emparent de leur premières armes dans la boutique du célèbre arquebusier Le Page. Finalement, au début de la soirée, les soldats se mettent à tirer. On ramasse, sur le pavé, les premiers cadavres que les républicains brandissent comme des trophées, pour exciter le gros des émeutiers à l’insurrection.
Au matin du 28 juillet, le centre et l’est de la capitale sont hérissés de barricades. 10 000 insurgés pillent les armureries en chantant La Marseillaise. À onze heures du matin, les ministres, Polignac en tête, viennent se réfugier auprès de Marmont au palais des Tuileries. Marmont juge la situation très sérieuse ; il envoie à Charles X, qui se trouve au château de Saint-Cloud, le célèbre message :
- « Ce n’est plus une émeute, c’est une révolution. Il est urgent que Votre Majesté décide des moyens de pacification. L’honneur de la couronne peut être encore sauvé. Demain peut-être il ne serait plus temps. »
Charles X ne répond pas mais, dans la soirée, Polignac informe Marmont que le roi vient de signer une ordonnance mettant Paris en état de siège.
Durant la journée du 28, les soldats, mal ravitaillés en vivres et en munitions, sont pris au piège des ruelles étroites du vieux Paris, cisaillées de barricades, sous des pluies de projectiles divers. En fin de matinée, les insurgés se rendent maîtres de l’Hôtel de ville, au sommet duquel ils hissent le drapeau tricolore, provoquant une intense émotion dans la population parisienne. Plusieurs fois perdu et repris au cours de la journée, le bâtiment, hautement symbolique, finit par rester aux mains des insurgés.
Pendant ce temps-là, les députés libéraux continuent de rechercher une solution de compromis. Vers quatorze heures trente, la délégation des députés est reçue par Marmont aux Tuileries. Le maréchal, invoquant les ordres reçus, exige la fin de l’insurrection comme préalable à un ordre de cesser le feu, tandis que les députés réclament le retrait des ordonnances et le renvoi des ministres comme préalable à l’arrêt de l’émeute. La discussion tourne court, d’autant que Polignac, retranché dans une pièce voisine, refuse de recevoir les députés.
Les Libéraux vont alors entreprendre des démarches auprès du duc d'Orléans (branche cadette des Bourbons).
Pendant la nuit du 28 au 29 juillet, de nouvelles barricades ont été élevées. Dans la matinée, le 5e et le 53e régiments de ligne, qui tiennent la place Vendôme, passent aux insurgés. Le Louvre et les Tuileries attaqués, tombent aux mains des insurgés tandis que les troupes royales se replient en désordre à travers les Champs-Élysées jusqu’à l’Étoile. Dans la soirée, l’insurrection est maîtresse de Paris et les débris de l’armée royale ont pris position dans le bois de Boulogne pour protéger le château de Saint-Cloud.
Les députés, réunis chez Jacques Laffitte, constituent une commission municipale, qui comprend entre autres Casimir Perier, Laffitte lui-même. Le 30 juillet, une proclamation rédigée par Thiers préconise l'appel à Louis-Philippe d'Orléans, qui, le 31 juillet, reçoit les fonctions de lieutenant général sur le balcon de l'hôtel de ville, Lafayette surgit pour calmer les insurgés des barricades en déclarant qu'il a découvert "la meilleure république", la foule applaudit, Lafayette s'écarte et découvre Le duc d'Orléans enroulé dans le drapeu tricolore et qui deviendra Louis-Philippe « roi des Français par la volonté nationale ». la Charte de 1814 est maintenue...et rien n'est réglé...
24 septembre 1830 - la Belgique indépendante est proclamée.
29 novembre 1830 - début de l'insurrection polonaise, ou guerre russo-polonaise qui se terminera en octobre 1831.
14-15 février 1831 - Emeutes républicaines à Paris (Roger Limouzin-Lamothe, La dévastation de Notre-Dame et de l'archevêché de Paris en février 1831, vol. 50, Revue d'histoire de l'Église de France, 1964 (présentation en ligne [archive]), p. 125-134)
21 novembre-3 décembre 1831 - Révolte des Canuts à Lyon
1er juin 1832 - obsèques du général Lamarque - Emeutes républicaine qui servent de toile de fond à une partie de l'intrique des Misérables :
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La Liberté guidant le peuple est une huile sur toile
d'Eugène Delacroix réalisée en 1830
Le souvenir de ces journées révolutionnaires fut immédiatement utilisé par la Monarchie de juillet lorsque Le , Louis-Philippe posa la première pierre de la Colonne de juillet - place de la Bastille, en l'honneur des Trois Glorieuses. Elle fut inspirée par la colonne Trajane de Rome. Elle fut dessinée par l'architecte Jean-Antoine Alavoine, et les travaux ne commencèrent qu'en 1835, où l'on procéda à la fonte des pièces en bronze. La décoration fut réalisée en 1839 par l'architecte Joseph-Louis Duc et la colonne fut terminée en 1840 pour célébrer les dix ans de la révolution.
Pour son inauguration, le , le gouvernement français voulut célébrer en grandes pompes le transfert des corps des révolutionnaires de 1830. Le ministre de l'intérieur Charles de Rémusat commanda une symphonie à Hector Berlioz qui composa la Grande symphonie funèbre et triomphale. Berlioz, en uniforme de la Garde Nationale et en marchant à reculons, dirigea lui-même une grande fanfare militaire de deux cents musiciens qu'il engagea pour accompagner le cortège.
Sources :
Histoire politique de la Restauration de Charles-Hippolyte Pouthas. http://www.reynier.com/index.php/component/content/article/2-uncategorised/4
http://www.carboneria.it/charbofran.htm
http://www.fsmitha.com/time/ce19-3.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_XIV_Jean_de_Su%C3%A8de
http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_XVIII_de_France#Premi.C3.A8re_Restauration
http://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_Restauration
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chambre_des_repr%C3%A9sentants_%28France%29
http://fr.wikipedia.org/wiki/Terreur_blanche_de_1815
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chambre_introuvable
http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_X_de_France
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Paris_%281814%29
http://fr.wikipedia.org/wiki/Premi%C3%A8re_Restauration
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ultra-royaliste
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Muette_de_Portici
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abb%C3%A9_Gr%C3%A9goire
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lie_Decazes
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_l%C3%A9gislatives_fran%C3%A7aises_d%27ao%C3%BBt_1815
http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Pierre_Louvel
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le%C3%A7ons_sur_la_philosophie_de_l%27histoire
http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Radeau_de_La_M%C3%A9duse
http://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_Fourier
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trois_Glorieuses#26_juillet_:_d.C3.A9but_de_la_r.C3.A9volte
http://fr.wikipedia.org/wiki/Colonne_de_Juillet
http://fr.wikipedia.org/wiki/Insurrection_r%C3%A9publicaine_%C3%A0_Paris_en_juin_1832
http://fr.wikipedia.org/wiki/Adresse_des_221
http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/le-28-juillet-la-liberte-guidant-le-peuple
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/journ%C3%A9es_de_juillet_1830/126253
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_belge
http://fr.wikipedia.org/wiki/1831
http://fr.wikipedia.org/wiki/Insurrection_de_novembre_1830
http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=2837
http://fr.wikipedia.org/wiki/Prise_d%27Alger
7. 4. 2014